Aujourd’hui, j’ai clairement manqué de professionnalisme…
En voyant des usagers en particulier, je me suis sentie lasse, très très lasse et j’ai pensé : « Vous me faite chier ! ». Sauf, qu’en fait, je l’ai pas pensé… je l’ai dit à haute voix… Malaise… Comme c’est irrattrapable, j’ai insisté : « Oui, vous m’avez bien entendue : vous me faite chier ! Votre comportement ici est insupportable ! ». Alors que je repartais, je vois ces usagers, pas démontés plus que ça par ce que je venais de dire, en train de se chamailler ou se battre, ou que sais-je, à propos d’un portable que l’un d’entre eux aurait pris à une autre…
Qui sont ces usagers en question ? Des ados tout simplement, des gamins de 4ème et 3ème qui, depuis plusieurs années, squattent la bibliothèque mais là, après avoir été au calme pendant les vacances scolaires, les revoir fut difficile.
Pourquoi donc me direz-vous, alors qu’on a tant de mal à faire venir les ados en bibliothèque !!! Eh bien parce que comme souvent (je généralise bien sûr), les jeunes qui squattent un lieu se l’approprient totalement, excluant donc les autres personnes à cause de leur comportement
Nous avons eu des crachats, les sièges déplacés et les livres également pour pouvoir se servir des étagères comme repose-pied, des meubles tagués au feutre ou au blanco et/ou scarifiés – j’ai d’ailleurs une méthode infaillible pour enlever le feutre permanent sur les plastiques comme le polyéthylène : l’alcool à 90° ou l’huile essentielle d’arbre à thé (selon le type de feutre l’un ou l’autre fonctionne : mettre le produit sur un coton tige et frotter doucement puis enlever le reste avec le produit sur un coton à démaquiller ; faire un essai sur une zone invisible d’abord), des coques de graine de tournesol par terre, dans les rayons, entre les livres (dois-je vous rappeler comment se mange les graines de tournesol ? Bonjour l’hygiène…), des déchets jetés à 60 cm d’une poubelle, des extincteurs vidés, des cartouches d’encre ouvertes et balancées dans les rayonnages, des livres offerts au don en libre-service détruits et éparpillés sur 500 m autour de la bibliothèque.
Ça, c’est pour les actes.
Et puis il y a le bruit, les téléphones portables utilisés en ghetto-blaster, les insultes, les gros-mots, le chahut, les disputes…
Bref, au lieu d’être bibliothécaires, mes collègues et moi sommes devenus des vigiles avec bien sûr ce que cela suppose de répercussion de s’occuper bien malgré soi d’une seule catégorie d’usager : la fuite pure et simple de notre public habituel.
Quelqu’un pourrait-il inventer un médicament pour diminuer les effets de l’adolescence comme on en a pour la ménopause ?